Se défouler ... [Libre]

Ce matin, il faisait frais, les rayons du soleil peinaient à réchauffer la région qui sortait d’une période de dépression météorologique importante, les orages, averses et même quelques mini-tempêtes entraînant des vents de plus de 100 km/h avait empêché la plupart des activité locales, ne parlons même pas des transports pour les commerces et les quelques nouveaux élèves censés arriver en avion. Donc, oui, ceci était une délivrance pour tout les pensionnaires, professeurs, membres de l’administration et personnel compris. Encore une chose, les vacances arrivaient à leur terme, cas qui donnait d’autant plus envie de sortir pour se dépenser aux jeunes hommes.

Bien que le sol soit encore humide par endroit, la nuit sèche et froide avait permis à ce que toute l’humidité se fige avant de disparaître. Bref, une journée signant l’arrivée du calme mais cette fois-ci : après la tempête.

Une seule personne était dehors malgré le froid, et ce depuis le levé du soleil. Elle avait quitté son nid douillet pour trouver le moyen de faire quelques exercices avant l’éveil de chacun. Le grand brun au yeux améthystes ne craignait pas a fraîcheur de la nuit et avait une idée derrière la tête, ce qui, chez lui, était fréquent sans compter que tout ce qu’il voulait lui arrivait presque dans le creux de la main sans qu’il n’ose se donner grand peine.

Cette seule personne faisait raisonner ses talons sur le macadam froid, émettant un son clair et distinct. Après avoir parcouru ainsi une centaine de mètres, il arriva au petit local du gymnase. Il y entra silencieusement après avoir fusillé du regard un oiseau chantant, il faut le dire … comme une casserole, le froid devait sûrement lui avoir engourdi le gosier et la gorge, poussant la porte vitrée d’un air las avant de se diriger en direction des vestiaires.
Il y accrocha son manteau, son sac dans lequel, bien sûr, ne traînait aucun objet précieux, et commença à s’y déshabiller. Quelques minutes plus tard il en sortait, commençant un échauffement traditionnel à savoir course pendant quelques minutes puis étirements afin d’éviter d’éventuels accidents, ce qui ne lui était pas arrivé depuis plusieurs années mais, comme on le dit souvent : mieux vaut prévenir que guérir.
Il marqua une pause, allant remplir une gourde d’eau qui était à moitié-vide puis revint sur le terrain. C’était pour lui relaxant d’être seul, mais malheureusement on s’ennuyait à en mourir.

Le programme du jour pour le professeur était la musculation et si, par pur hasard, un collègue ou un élève assez résistant se présentait à lui, il oserait lui proposer un petit affrontement amical dans le type de la boxe, de la lutte ou d’un quelconque autre sport de combat. Finissant d’agiter ses poignets, il se coucha au sol et commença une série d’abdos. Les premières séries étaient simple mais après une dizaine de minutes, son front luisait d’une couche de sueur remarquable. Vint ensuite le temps des pompes, il s’attacha les cheveux en une queue de cheval assez basse avant de faire trois séries d’une vingtaine de pompes chacune. Il se redressa et se dirigea vers les tribunes sur lesquelles il alla prendre appuis.

- Même si mon but était de me défouler … Je dois avouer qu’être seul commence à m’ennuyer si ce n’est pas au point de me taper sur les nerfs …

Un sourire arborait son visage pâle tandis qu’il regardait ses mains, palpant le dos de chacune en frissonnant au contact de la matière solide. Il leva les yeux vers les cibles qui étaient utilisées pour le tir à l’arc. Elles avaient été rentrées en raison de la pluie de la semaine et faisait maintenant l’objet des désirs d’ Akabane qui continuait de les regarder le sourire aux lèvres.

-Et un, deux, trois …

Il ferma les yeux, balaya sa main dans l’air d’un coup sec puis les rouvrit. Encore une fois, son coup avait été spectaculaire. En plein centre de la cible était planté un fin et long morceau de métal, ce qui fit sortir de la gorge du grand ténébreux un ricanement faible.

Finalement, après avoir retrouvé son bureau, la suite de la journée s’était bien déroulée. Il avait inspecté son lieu de travail, et l’avait trouvé ma-gni-fique. C’était propre, lumineux et spacieux. Il y manquait juste une touche de décoration, quelque chose qui émanerait de son gout personnel, et imprégnerait l’endroit de sa touche à lui.

En réfléchissant un peu, il décida d’installer quelques tableaux aux murs, déposer des pots de fleurs dans tel coin, c’était à noter et à ramener pour la prochaine fois. Il demandera également à ce qu’on lui installe une étagère. Certes, il possédait déjà une armoire bien profonde, mais une étagère au coin du mur c’était mieux. Objet simple et efficace pour y placer les choses utiles, et les trouver toujours à porter de main sans perdre du temps à chercher. Quant à l’armoire, celle-ci contiendra les énormes dossiers dont on ne se sert pas toujours, mais qu’il faut quand même garder soigneusement au cas où…

Il entreprit de ranger ses documents. Demain… Eh oui demain ce sera un grand jour…puisque tout était encore à faire….il pensera à rapporter quelques cartons qui contiennent ses affaires personnelles et les déballer. Pour ce premier jour de travail, il s’était surtout contenté de son pc, là il y avait déjà l’essentiel de ses outils de travail. Mais il aura toujours besoin de quelques livres à consulter…et autres machins.

Les quelques patients qui vinrent pour une consultation avaient presque tous le même problème. « Dès le matin, je me sens fatigué… », « Je suis nerveux et irritable », « Je cherche querelle pour rien…c’est comme ça, c’est fatal, c’est moi ! », « Je dois faire des efforts terribles pour démarrer ma journée de travail…puis ça devient de plus en plus insurmontable ».

Ainsi donc, la journée commence à peine, et la plupart traînent déjà une fatigue, un stress…Ce n’était pas normal. Ces gens ne récupéraient pas leur vitalité après le sommeil. Problème d’hyperactivité, d’une volonté trop tendue pour le travail. Voilà d’où venait ce manque d’énergie, cette faiblesse, cette agressivité, et recul devant les circonstances.

Mais certains avaient la tête dure, et n’admettaient pas avoir besoin de repos. C’était le cas d’un patient qui lui disait : « La fatigue ? Connais pas !...non, non, je vous dis que je ne connais pas…je connais pas c’est tout…je comprends rien à ceux qui sont fatigués, point !….Moi, fatigué ou pas fatigué, je fonce…Je fais des efforts, oui des efforts monsieur » Et voilà comment ceux qui méprisent la fatigue aboutissent à l’épuisement.

Respirant un grand coup, Yagima referma la porte derrière lui. C’était la fin de la journée, et il s’apprêtait à rentrer chez lui. Il était temps… Musique instrumentale, bol plein de salade, tranquillement calé dans un canapé, bouquinant avec plaisir…hum, c’était une douce et apaisante volupté pour ce jeune psy. Il prit ensuite une douche pour aller enfin se coucher…

Le lendemain, il s’était réveillé à sept heures, frais et dispos pour une nouvelle journée. Il avait un plan simple et fixe à mettre en exécution. Explorer le gymnase. Oui, car hier quelques instants avant de quitter son bureau, il avait eu un cas plutôt particulier. Un élève angoissé, stressé, qui avait peur d’être viré de l’équipe de sport si on savait pour son attirance pour le coach. Idée fixe qui développait en lui un complexe, et l’empêchait d’avoir un comportement normal…Elle l’empêchait de vivre tout simplement. Comment le convaincre que c’était stupide ? Il lui avait demandé de revenir pour une autre séance. En attendant, voilà qu’il se rendait tôt le matin au gymnase. Avoir une idée du lieu n’était pas si mal pour commencer son investigation. Et puis il se doutait bien que ce petit garçon ne lui avait pas tout dit. Les mains dans les poches, un sac sur l’épaule, et son patient en tête, voilà qu’il faisait le tour du gymnase.